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Nusa Lembongan - One day in paradise

Nous nous retrouvons pour un nouvel article. Et cette aventure commence sur la côte sud est de Bali. Sur les derniers jours, un nom nous a intrigué, murmuré à l’oreille comme un secret partagé, un bout de paradis sur cette terre de perdition : Nusa Lembongan… Une île au large de Bali, de taille bien moindre, où le tourisme ne relève que du balbutiement, cette étape où la globalisation a mis un pied sur la terre promise, commençant à la corrompre, mais pas encore assez pour affecter l’authenticité et la magie du lieu.

 

C’est donc plein d’espoir que nous avons pris un bateau pour nous y rendre. Le plaisir et l’émerveillement commence dès l’attente, l’équipage à terre est des plus sympathiques. Globalement tous plus âgés que nous, ce sont avant tout de grands enfants, le sourire s’étirant d’une oreille à l’autre qui se chamaillent et rient aux éclats en une douce mélodie qui ne tarde pas de nous affecter et de laver notre fatigue. Le sourire nous gagne et nous nous joignons à leur bonne humeur. Avec Sylvain, nous décidons de jouer aux cartes, cela les intrigues énormément, à tel point que nous devenons un spectacle pour eux. Nous exagérons sans honte nos explosions de joie quand l’un gagne ou l’exaspération face à la défaite, et cela les fait rire plus encore. Nous finissons par leur apprendre les règles et continuons d’en rire avec eux.

 

L’anglais n’est pas une barrière, parce que cette joie dépasse le niveau de la langue, nous échangeons plus des sourires que des mots, et c’est cela qui rend l’instant si rafraichissant et spontané. Les indonésiens ont un rapport au travail dont les européens devraient s’inspirer, la moindre difficulté n’est plus source de stress et de doute, mais de rire et d’optimisme. Nous regardons avec affection les porteurs tirer le chariot de valises et de sacs dans le sable moue et dans l’eau jusqu’à l’embarcation, et leurs évidentes difficultés ne semblent que les faire rire plus encore sans pour autant affecter leur travail. Ils transportent même un scooter à bord à la seule force des bras au dessus de l’eau, et nous n’en éprouvons que plus de respect pour ce sourire qui ne semble jamais quitter leurs lèvres. Pourquoi ne sommes nous pas capable de la même joie de vivre ineffaçable en Europe ?

 

Nous nous retrouvons enfin sur les eaux, lancés à toute vitesse avec un ticket pour le paradis en poche. L’embarcation fend les vagues avec violence, et en amateurs de sensations fortes, nous apprécions notre estomac qui se soulève à chaque ressac. Sur cette île pleine de promesse, nous devons retrouver un montalbanais,  qui a réussi la prouesse de s’intégrer dans cette société, et a ouvert une guest house qui, selon Internet, semble des plus… traditionnelle !

 

L’arrivée honore toute les promesses… l’air est pur, le paysage somptueux. La mer turquoise se fracasse presque avec tendresse sur les falaises taillées par l’érosion, l’écume formant une brume légère qui décompose la lumière tandis que le soleil se couche dans notre dos. Dame nature semble être seule maitresse de ce lieu où la civilisation est totalement intégrée. Nous pouvons voir ça et là de magnifiques criques et plages minuscules entre deux reliefs. Sylvain fait la réflexion très juste qu’il s’agit là d’un endroit superbement magnifique et romantique où tout homme devrait emmener sa tendre.

 

Sur la côte, une opulente villa nous domine de tout son faste, ainsi que l’horizon. Mais elle nous apparaît sans orgueil, consciente que la vraie beauté est autour d’elle alors qu’elle fait partie du paysage à la manière d’une aquarelle délicate. Nous échangeons un sourire béat avec Sylvain, au moment même où nous découvrons ce petit port de pêcheur, les cases construites à même la plage sur promontoire de béton qui n’enlève rien à l’authenticité du lieu. Bien au contraire, l’ensemble est très harmonieux, parfaitement représentatif de ce que nous attendons d’un village local et protégé du tourisme.

 

Nous touchons enfin terre, nos pieds s’enfonçant dans le sable chaud alors que l’eau turquoise lèche nos chevilles. D’un mouvement d’épaule, nous nous remettons en route comme les deux escargots que nous sommes, à transporter notre maison avec nous. En tout cas c’est l’impression que nous donnons aux locaux qui nous montrent du doigt, émerveillés par notre apparence « routard ».

 

Nous finissons par trouver Bunga Bungalow, les « bungalow de fleurs ». Totalement intégré entre les bâtisses rustiques, l’établissement est tout simplement… accueillant et charmant. Le montalbanais nous fait de grands signe de la main, il siège tel Mufasa à sa table favorite, entouré de sa cour et de ses amis pendant que les quelques femmes locales qu’il emploie s’affairent autour de nous et nous accueillent à grand renfort de sourires. Nous sommes des invités plus que des clients, et nous rions quand nous apercevons sur le mur un écusson de l’Occitanie. Sylvain a raison, les occitans sont partout ! Un jour, nous dominerons le monde !

 

La décoration est savamment dosée,  entre la case de surfeur, et l’établissement local. Les sièges sont d’immenses morceaux de bois flottés du plus beau genre, ou encore des coquillages gigantesques. Le comptoir est fait de bric et de broc, et le propriétaire, Louis, nous explique qu’il a fait tout ça de ses propres mains en récupérant de vieux bateaux destinés à être jetés. Nous remarquons également des amphores creusées, dans lesquelles sont placées des statues de Ganesh, Hanuman ou encore Shiva, les divinités indous.  Le résultat est surprenant de beauté tant les ouvrages sont détaillés et travaillés, s’intégrant parfaitement dans l’établissement alors que l’impression d’autels religieux est à la fois immersive et charmante. Enfin, nous découvrons notre chambre, un hamac à l’entrée de notre bungalow, des meubles de bois taillés à la main, et la salle de bain est composée de petites pierres et de coquillages. Seul bémol à cet enchantement visuel, le manque de lumière qui dessert l’agencement délicat des lieux. Le temps de nous retourner, et nous découvrons la vue… nous voyons toute la baie, et le port, teinté des couleurs oranges et rouges du soleil qui se fond dans la ligne d’horizon entre les branchages.

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C’est une certitude, nous allons adorer cet endroit, et comme il est encore tôt, nous prenons congé de notre hôte pour partir à la découverte des trésors de ce village, accompagnés de la nuit tombante. Une route unique en béton court le long de la plage, d’à peine 2 mètres de larges. Elle n’est éprouvée que par le passage des scooters et de nos pieds qui la foulent, pendant que nous avons la change d’assister à la fin de journée de cette population. Nous nous perdons dans les dédales, et découvrons au fur et à mesure l’incroyable nombre de temples qui ponctuent l’endroit. Chaque temple est fait d’une pierre différente, blanche, noire, jaune… la qualité de finition est exceptionnelle, mais loin de la beauté macabre de nos églises catholiques, ces lieux de cultes respirent une forme de chaleur humaine.

 

Nous marchons presque deux heures sans nous lasser de l’authenticité et le charme du lieu, où la pauvreté même devient séduisante par sa simplicité. Ces gens sont heureux, et il est impossible de ne pas le constater et de ne pas en être touchés au plus profond de nous. Ce qui nous étonne plus encore, c’est la fusion intime, comme symbiotique de la religion avec leur vie. Sans être envahissante et asservissante, la religion est ici une partie intégrante de leur sagesse. Nous découvrons d’ailleurs à notre retour à la guest house que le lendemain sera célébré Ganungan, une fête religieuse majeure pour les indous. Sur le conseil de notre hôte montalbanais, nous décidons que le réveil sera très tôt le lendemain pour pouvoir en profiter. C’est pourquoi après un repas – d’excellente qualité – à la guest house, nous nous couchons pour anticiper le réveil très matinal.

 

Aujourd’hui encore, nous ne dormirons pas beaucoup, mais nous ne ressentons pas de fatigue quand nous nous levons et nous armons de notre matériel. Sylvain prend l’appareil photo, je prends sur mon torse la Gopro avec la ferme volonté de vous faire partager chaque instant de ce que nous allons vivre.

 

Et nous n’en sommes pas déçus, les costumes sont un vrai régal à regarder, à la fois harmonieux par des codes communs, la tenue traditionnelle permet à chacun de s’affirmer par des jeux de couleurs subtils qui explosent devant nous en processions arc en ciel. Nous avons d’ailleurs la chance de nous parer nous même d’un « sarong » traditionnel, sorte de drap noué en pagne autour de la taille. Sans savoir s’il s’agit de la tenue, du sourire peint sur leur visage, où la ferveur générale qui se dégage, nous nous accordons à dire que ce peuple est un beau peuple, qui ne cesse de nous émerveiller.

 

Nous observons les bénédictions et les processions des locaux qui se rendent patiemment dans chaque temple, l’un après l’autre, pour réaliser leurs prières en un rondeau animé par une âme commune.

 

Enfin, l’effervescence se calme et la vie économique reprend son cours alors que nous grimpons sur des scooters pour aller faire notre lot de « snorkling ».  Il ne s’agit ni plus ni moins d’une expédition en masque, tuba et palmes pour découvrir les coraux et la vie sous marine qu’abrite cette île.

 

La Gopro paré sur le torse, nous partons sur notre embarcation de fortune en compagnie de notre guide que nous surnommons tendrement « Fast and Furious ». Bravant de nouveau, vagues et dénivelés de 2 mètres, notre guide nous emmène à son endroit favori où il espère pouvoir nous montrer les raies Manta.  A peine arrivé, l’affolement le gagne alors qu’il voit des raies à quelques encablures, nous pressant de nous équiper au plus vite et de sauter pour voir ces magnifiques poissons.

 

Plongeant en arrière avec empressement, nous nous retrouvons dans l’eau turquoise, nageant au plus vite pour rejoindre ces créatures fantomatiques. Discernant tout juste des silhouettes, nous nous approchons le plus possible. Alors que je jette un coup d’œil à la Gopro sur mon torse, je constate que la mémoire est pleine… la déception de ne pouvoir vous montrer la suite m’envahit. Sous le coup du désarroi, je regarde alentour pour voir où est passé Sylvain.

 

Mais c’est d’abord l’effroi puis la surprise que je rencontre alors que je fais soudainement face à une magnifique créature aux dimensions imposant le respect. En effet, une raie manta avance paresseusement vers moi, ondulant ses larges ailes pour se porter à ma rencontre. Je m’écarte pour la laisser passer, et d’un battement de palme, je me mets à nager à son côté. Et avec un immense respect, je me mets à suivre cette ombre majestueuse. Je nage à son côté tandis que j’ai toute l’occasion d’admirer l’élégance qui émane de la raie Manta.

 

La créature est réellement majestueuse, ses gestes sont lascifs, mais pourtant la puissance de la bête ne fait aucun doute. Nous sommes fascinés et nageons en compagnie de ces aigles de l’eau durant de longues minutes, le regard pétillant comme deux enfants au zoo. Je tend la main et je peux toucher cette créature, sa peau est incroyablement lisse, douce et glissante à la fois, insaisissable comme la soie. En un battement de ses larges nageoires, elle me distance, et je reste médusé du contact échangé.

 raie-manta_1120_w460.jpg

La beauté de cette créature m’a inspiré un poème que je vous présente très modestement :

 

« Fière et Libre

 

Je suis fière et libre.

Ombre menaçante,

J’hante et j’enivre

Les âmes errantes.

 

Créature volante,

Je plane tel l’aigle,

Royale et lancinante

Par dessus mon domaine.

 

Si il est le roi des cieux,

Les abysses sont miennes.

Je règne sur ces lieux

En maître et capitaine.

 

Je suis fière et libre.

Mon royaume est là.

Je suis fière et libre.

Je suis la raie Manta. »

 

 

Nous finissons par remonter sur le bateau rejoindre notre ami, qui nous emmène vers un autre site de plongée en tuba. Il nous lâche sur les bords des récifs, nous indiquant que le courant va nous emporter le long de la barrière de corail, et qu’il nous récupèrera à la fin de celle ci. Ainsi, nous voilà tombant dans l’eau, flottant tel deux fantômes, les yeux rivés sur le paradis qui s’offre sous nous.

 

Une vraie œuvre d’art, ce spectacle est une multitude de couleurs, de nuances et de formes. Les poissons, sortis d’une aquarelle, se déplacent entre les coraux dans une harmonie chaotique de couleurs, une véritable explosion qui ne cesse de nous fasciner.

 

Je ne saurai trouver les mots pour vous décrire ce que nous avons trouver là dessus… apaisement, émerveillement, fascination, sentiment de liberté, oublis total de l’environnement… nous faisions partis de ce paysage à la diversité si impressionnante que nous n’en cernons jamais les limites, un détail attire toujours notre attention à nouveau, captant notre regard d’enfant par un jeu de couleur si chatoyant que je ne peux cesser de comparer cette beauté à une aquarelle.

 

Je souhaite à tous de pouvoir un jour contempler une telle paix, la vivre et l’éprouver.

 

C’est encore bercé par ces images que nous repartons vers « le continent », l’île de Bali nous tendant à nouveau les bras alors que nous avons encore l’esprit enivré d’une beauté si simple, si pure qu’elle réchauffe votre corps comme un baume et vous berce. Nous y avons trouver un instant la paix, et nous retournons maintenant à nos folles aventures.

 

 

 



24/10/2013
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