GandSaroundtheworld

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Tel Aviv - 1 nonstop city

Avant toute chose, qu’il est bon de revenir sur ce blog de voyage, lui donner vie à nouveau, reprendre aussi bien l’écriture que l’exploration de notre monde si vaste et fascinant. Trois années d’absence sur ce dernier et pourtant, quelques pays ont été fait entre temps : Maroc, Irlande, Belgique et aujourd’hui, Israël, pays pour lequel nous nous retrouvons. Mais le rythme de la vie est tel, pour chacun d’entre nous, que je me suis tenu éloigné du clavier pour de nombreuses raisons, certaines bonnes, d’autres moins légitimes.

Parmi les excellentes raisons, l’écriture de mon premier roman qui est encore en cours, et promis, je vous en reparlerai bien vite.

 

Mais tout d’abord, revenons à nos premiers amours, le voyage, ce frisson de découverte. Comme disait Saint Augustin : « Le monde est un livre, et ceux qui ne voyagent pas n’en lisent qu’une page », alors continuons notre lecture ensemble !

 

Tout d’abord un peu de contexte pour ce qui ne le connaissent pas. Ce voyage n’est pas réellement d’agrément, beaucoup le classeraient dans les voyages d’affaires. En vérité, je me rends à Tel-Aviv en compagnie de Christophe Vidal, mon ami et Maire de la nuit de Toulouse. Nous y sommes invités par le ministère des Affaires Etrangères israélien et le maire de Tel-Aviv pour assister au « Sommet International de la politique de la ville la nuit ». Christophe y est évidemment invité en qualité de Maire de la nuit de Toulouse et président de Toulouse Nocturne, tandis qu’il m’a fait l’immense honneur de m’y convier en qualité de responsable communication de Toulouse Nocturne.

 

Nous y passons donc 4 jours pleins en compagnie des délégations de huit autres maires de la nuit ou fonctions assimilées, à savoir : Berlin, Tokyo, Zurich, Amsterdam, Groningen, Nijmegen, Paris et Madrid. Le but du voyage est officiellement d’échanger sur ce que chacun réalise dans sa propre ville, les changements qu’il provoque, les difficultés qu’il rencontre, mais c’est aussi l’occasion de voir ce que Tel Aviv a à offrir sur le plan nocturne, ville réputée mondialement pour son dynamisme nocturne et culturel, une ville qui ne dort jamais !

 

 

Maintenant que le contexte est planté, venons-en à la question principale sur le plan personnel… est-ce que j’ai apprécié ce séjour ? Et bien tout d’abord, pour répondre avec honnêteté à cette question il faut prendre du recul, beaucoup de recul. Du recul car, en effet comment est-il possible de ne pas apprécier un tel séjour dans les conditions dans lesquelles nous l’avons vécu ? Nous avons été accueillis comme des rois, invités à débattre d’un sujet qui nous passionne. J’ai passé quelques jours avec des gens dont je partage les valeurs morales et la vision pour notre avenir, pour parler d’un sujet que nous aimons, et le tout dans un cadre où nous avons été choyés et dorlotés.

 

Pour mettre en perspective, le ministère des Affaires Etrangères a dépêché une berline qui nous attendait sur le tarmac à notre arrivée en avion. Pas de file d’attente, pas le même chemin que tout le monde, non, nous montons directement dans la berline qui nous amène à l’autre bout de l’aéroport pour passer les contrôles de sécurités. Le contrôle du passeport, qui lui est obligatoire, se fait en express en passant devant tout le monde guidé par notre chauffeur. Personnel attentionné, au petit soin, voilà le mot d’ordre sur tout le séjour. Notre agenda est au cordeau (probablement trop justement) et nous enchaînons les rencontres et les découvertes de lieux en rapport avec la nuit.

 

Pour bien comprendre, il faut bien admettre que si je vous emmène dans le meilleur restaurant festif de la ville, que c’est le propriétaire (pas le patron, j’ai dit le propriétaire…) qui vous accueille en vous prenant dans ses bras, que toutes vos consommations sont illimitées et gratuites, de la meilleure qualité, et que votre service est clairement prioritaire par rapport aux autres clients normaux… difficile de passer un mauvais moment non ?

 

Quelques couacs sont quand même présents notamment niveau organisation, toutes les découvertes ou visites ne sont pas très intéressantes ou à propos vis-à-vis de notre regard nocturne comme cette visite mercredi matin de la boutique du « meilleur » couturier de Tel Aviv. De toute façon, tout ce que nous voyons nous est présenté comme à minima le meilleur d’Israël, voir le meilleur du monde. Mais dans l’ensemble, tout est aux petits oignons même si on se plaint de notre côté de ce manque de liberté car nous sommes trop cadrés, le programme minuté, les discours léchés.

 

Mais ce qui apparaît comme un couac est en fait savamment orchestré et est, en tout point, une franche réussite.

 

En effet car, et ils ne s’en sont pas cachés… le but officieux n’est pas tant d’ouvrir le débat sur la vie nocturne, le but de cette opération, largement assumé par ailleurs tant dans les gestes que dans les paroles, c’est bien de nous charmer. Nous charmer car nous sommes prescripteurs, car nous portons une voix sur la nuit, et que si chacun de ces maires de nuit rentre en son pays scandant que Tel Aviv est la ville la plus dynamique, festive, et plaisante à vivre jamais explorée… et bien leur opération de marketing sera un succès.

 

Le monde change, les villes deviennent des sources d’attractions touristiques et culturelles plus grandes et importantes que les états. En témoigne les politiques actuelles menées par les mairies de Paris, Londres, Toulouse (qui n’a pas vu le spot TV institutionnel ?...), Berlin, etc. Dans cette compétition des métropoles, il est hors de question de laisser une longueur d’avance à une telle ou une telle.

 

Le marketing prime, la ville devient une multinationale aux codes de start up bouillonnante. Voilà le vrai contexte de notre venue. De plus, oserai-je soulever la question de pourquoi est-ce le ministère des Affaires Etrangères et pas celui du tourisme qui a organisé tout ceci ? Après tout, il y a un enjeu géopolitique majeur derrière mais ça… c’est une autre histoire.

 

Ensuite, une forme de paradoxe, de… dichotomie m’a frappé sur l’ensemble de la ville de Tel Aviv. Cette ville, de par son histoire est jeune, très jeune, ayant fêté son centenaire récemment. Cela se traduit par une architecture inspirée du style Bauhaus, ou dit « international ».

 

Autant le dire, la ville est très peu esthétique, des bâtiments froids, un sur deux est en ruine rappelant que nous sommes dans une région en guerre, aucun espace vert. Et pourtant, à côté se dressent çà et là des buildings de verre voués à l’esprit start-up de la ville, une créativité bouillonnante qui se ressent partout, dans chaque interaction. Cette cité flaire bon l’énergie, l’optimisme et le dynamisme.

 

Ce paradoxe est d’autant plus troublant que si l’extérieur des bâtiments est bien souvent laissé à l’abandon, pour rester correct, l’intérieur est toujours coloré et décoré avec goût. Que ce soit chez l’habitant, les restaurants ou autres, il est plaisant et choquant à la fois de pousser une porte en fer rouillée, plantée dans un mur décrépi, et de pénétrer dans un havre de paix. Ainsi les intérieurs sont souvent raffinés et délicats. Comme si les israéliens eux même se désintéressaient complètement des apparences pour se concentrer sur le « moi », ou sur le « chez moi ». Cela se traduit également dans leurs tenues, où l’homme d’affaire accompli sera vêtu d’un short, sandales et t-shirt informe, se riant du fait que je porte une chemise ou des chaussures habillées.

 

Et puis il y a Jérusalem, une journée seulement pour appréhender ce qu’elle a à offrir. Et si Tel-Aviv est jeune, la ville trois fois Sainte est très ancienne, si chargée d’histoire que cette émotion vous prend aux tripes quand vous la pénétrez. Bercés par les paroles passionnantes de notre guide dépêchée par le ministère, nous revivons l’histoire de cette ville, des guerres saintes, et de cette cohabitation des trois grandes religions monothéistes qui vouent un culte unanime et commun. Si Tel Aviv est la jeune, Jérusalem est l’ancienne. Si Tel Aviv est marquée par l’esprit de créativité, d’entreprise et l’absence de religion, Jérusalem est une ville de mémoire, d’Histoire avec un grand H, pour un peu moins de 4 milliards d’individus sur terre. L’une le pas dans l’avenir, l’autre le pas dans le passé, et ainsi avance en crabe l’Israël, jeune nation qui fera tout pour s’inscrire durablement dans le futur.

 

Je dis « fera tout » parce qu’en échangeant avec les locaux, quand j’ai demandé leurs sentiments sur la guerre israélo-palestinienne, voici leurs réponses : tout d’abord, il apparait que la jeune génération revendique ne souhaiter que la paix et être lassée de la guerre. De plus, il faut bien reconnaître que le service militaire obligatoire de 3 ans (2 pour les femmes) conditionne également leurs visions de la situation, où ils se sentent agressés. Je peux comprendre qu’il est difficile d’avoir le recul nécessaire pour décider qui est l’agresseur, quand le matin ou trois ans en arrière, vous subissiez un tir de rocket. Egalement, pour leurs ressentis, ils dénoncent que nos médias ne communiquent pas les bonnes informations, citant plusieurs exemples d’histoires détournées ou avec des détails d’importance manquants. Enfin, à la question « Que pensez-vous du monde qui n’est pas d’accord avec votre guerre et qui juge que la seule voie vers la paix est le dialogue », ils ont répondu :

 

1)      « Il est appréciable que le monde se soucie de nous, cela veut dire qu’au moins l’occident s’intéresse un peu à cette partie du monde… mais si vous n’y vivez pas, de quel droit jugez-vous ce qu’il s’y passe ? »

2)      « Vous avez vite oublié que les mêmes qui critiquent sont ceux-là même qui ont fait la seconde guerre mondiale, et que c’est la seconde guerre mondiale qui a créé et provoqué ce qu’il se passe aujourd’hui »

3)      « Parler du conflit en Israël j’ai l’impression que c’est « trendy » (branché en français) chez vous, en tout cas plus que de parler de la Syrie ou de la guerre au Congo qui font bien plus de morts que chez nous »

 

Ceci ne justifie rien à mes yeux, ni les morts ni les massacres. Et loin de moi l’idée de lancer un débat par ce billet d’humeur, chacun son opinion. Je constate cependant que comme bien souvent, les gens impliqués dans un conflit en ont une vision bien différente de ceux de l’extérieur, et qu’une nouvelle fois, seul le dialogue peut ramener à la raison des ressentiments séculaires.

 

Pour conclure, nous ressortons de là débordant d’énergie malgré un nombre d’heures de sommeil bien maigre vous vous en doutez, après tout on ne peut visiter une ville le jour ET la nuit tout en trouvant du temps pour dormir. Nous en ressortons aussi confiants pour l’avenir de nos cités, et cela donnera suite à un autre article qui traitera plus du fond que de mon ressenti, présentant les enjeux, les voies de développement et les challenges de nos cités bien aimées.

 

Merci ami lecteur, cela fait du bien de revenir aux premiers amours, et à très vite !

 

 



03/07/2017
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