GandSaroundtheworld

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Chiang Mai

Nous voilà en route pour le Nord de la Thaïlande ! Une région de jungles, de temples et de textiles !

 

Mais comme tout voyage, cette épopée commence par le transport, et c’est à bord d’un bus de nuit climatisé que nous nous dirigeons vers notre destination ! L’ambiance est très rapidement au sommeil pour la grande majorité du bus malgré l’heure précoce (20h30). Deux italiens proches de nous honorent la réputation de la grande botte, piaillant sans discontinuer durant de longues heures, ajoutant leurs chuchotements au concert  produit par le moteur et la climatisation. Si j’avais cru un jour donner raison à un cliché culturel…

 

Nous arrivons vers 6 heures à ce qui sera notre maison pour les trois prochains jours. Après quelques formalités et des échanges avec le tenancier, nous décidons d’un commun accord d’aller prendre un peu de repos. Nous comptons bien nous lever en forme vers 11h pour explorer Chiang Mai, une ville majeure et capitale de sa province.

 

C’est ainsi que nous en foulons le sol, arpentant ses rues et ses dédales qui rapidement nous changent de Bangkok et nous offre une autre vision de la Thaïlande. Beaucoup plus vert, l’humidité de l’air très prononcée favorisant l’impression de nature et de sauvage, nous retrouvons le sourire à découvrir cette cité. Si les rues du centre ville ressemblent à une Bangkok plus sauvage, c’est surtout les temples que nous visitons qui nous enchantent. Le bouddhisme propose une architecture majestueuse et élégante à la fois.

 

Les temples, en forme de pagode représentent en réalité la silhouette d’un homme à genoux, méditant. Comme Sylvain me l’explique avec tout son amour de la culture orientale, je découvre que la base du bâtiment, large et solide représente les jambes du prieur, le premier niveau d’élévation s’assimilant au buste, le toit symbolisant la tête. Le sommet pointu, quant à lui, est la matérialisation de l’aura du prieur que les bouddhistes associent à la zone de la tête. C’est armé de ces connaissances que j’entre dans ces lieux solennels, me déchaussant et marchant d’un pas feutré, mains croisées dans le dos. Le respect ici est inné, le niveau de la voix s’abaisse et le rythme cardiaque se ralentit. De cette architecture haute, avec ses hauts piliers couverts de feuilles d’or, et ses grandes statues de Bouddha qui regardent au loin, comme avec prescience, émane une vraie tranquillité, une forme d’apaisement. Je ne saurai trouver d’autres mots que l’apaisement qui est lié à ces lieux. Si nos églises obligent au silence, ici le silence vient naturellement, comme s’il était nécessaire pour capter toute la symbolique du lieux et la paix qu’il véhicule. Je me sens calme, un sourire étirant sans raisons mes lèvres. Je pourrai étrangement y rester des heures, moi qui suis allergique aux religions.

 

Sylvain doit presque me tirer hors de chacun de ces temples, tant je m’y sens bien, calme et détendu. La lumière y est parfaitement dosée, apaisante même pour nos yeux fatigués, l’air plus léger qu’à l’extérieur comme pour soulager nos poumons éprouvés par l’humidité et la pollution opaque.

 

Et ces dorures… la plupart des temples que nous visitons sont fait de bois massifs, partiellement peints de noirs, et couverts de feuille d’or dans un style grossier qui n’enlève rien à l’élégance du lieu. Et nous ne finissons pas d’être étonnés par le nombre de temples, tous moulés sur le même travail fin et symbolique. Seul bémol à notre enchantement, beaucoup de ces temples sont récents, parfois trop récents, enlevant la portée culturelle que nous y associons tandis que nos cerveaux formatés par le marketing y voient la rentabilisation touristique.

 

Mais notre souhait d’authenticité est exaucé par une pyramide somptueuse, recouverte partiellement par la mousse et la végétation. L’édifice nous domine, et domine la ville du haut de ses 40 mètres, ce qui est bien supérieur aux autres édifices, majoritairement de plein pied, ou tout au plus comptant un étage. Le monument est constitué de briques minuscules, d’une couleur proche à notre chère brique toulousaine. C’est la petitesse du composant qui permet une telle finition dans le détail, et qui nous laisse imaginer une quantité de travail titanesque pour l’assembler. Les statues d’éléphants s’alignent tout autour, comme autant de gargouilles protectrices, l’âge ayant détruit plus de la moitié de ces monstres grandeur nature.  Âgé de nombreux siècles, le temple majestueux nous laisse supposer une grandeur sans nul autre pareil à sa grande heure. En effet, il est entouré d’un fossé qui devait être rempli d’eau, les nénuphars flottants entre les poissons chats comme nous avons vu sur les temples plus récents.

 

Alors que nous nous en éloignons, nous ne pouvons nous empêcher de regarder par dessus notre épaule pour le regarder une dernière fois, les yeux irrémédiablement attiré par une majesté si tranquille, si calme. Et nous sentons comme le regard cajoleur de Bouddha sur notre dos, ici la présence mystique est presque palpable, mais relaxante, comme aimante. Cette sensation est troublante, particulièrement pour moi et mon refus catégorique des religions, mais elle est agréable, et je ressens même un pincement au cœur quand cette tranquillité me quitte pour retrouver le brouhaha de la rue.

 

Sur les conseils des locaux que nous rencontrons, nous finissons nos visites religieuses par un temple reculé, absent des guides qui pullulent sur les étales des hôtels et centres touristiques. On nous le décrit comme magnifique, et en y arrivant, nous comprenons ce qu’ils voulaient dire.

 

Ce temple a la particularité d’être le seul au monde construit intégralement en argent massif, scintillant de sa parure mât, paraissant gris de loin puis éclatant à mesure que nos pas nous en approchent. Ici, seul l’argenté domine comme couleur, la seule entorse à la règle est le Bouddha d’or haut de 2 mètres sur son autel. De cette harmonie de matériaux et de couleurs se dégage une vraie aura. Datant de 1501, il vit très bien son âge et semble figé dans le temps, comme immortel alors qu’aujourd’hui il est plus principalement dédié à l’immense forge d’argent qui l’entoure.

 

Quand nous en ressortons, nous avons l’opportunité de nous asseoir en présence d’un moine qui accepte de nous consacrer du temps afin de nous parler de son mode de vie, et de la philosophie bouddhiste. Il est d’un âge indéfinissable, et si je suis un sceptique du mysticisme, son aura elle, était bien réelle et indéniable. Un vrai calme émane de lui, comme un baume qui calme nos douleurs aux pieds et aux jambes, nous nous sentons plus légers, en parfaite confiance. C’est presque avec hésitation que nous ouvrons la bouche, murmurant quelques premières questions fébriles, comme enfantins devant une patience si intemporelle. Il semble presque amusé et attendri par notre jeunesse enthousiaste. Il parle, nous écoutons, le débit de ses paroles a quelque chose d’inéluctable, comme le cours d’eau d’un ruisseau de montagne, inébranlable, calme et fluide, d’un son apaisant et mélodique. Nous tendons l’oreille et délions nos langues à mesure que notre curiosité réanime notre excitation.

 

Ainsi, il nous conte comment le bouddhisme n’est en aucun sens une religion mais un art de vivre. Ils reconnaissent les dieux indous, mais ne les prient pas. Bouddha est en réalité plus un exemple qu’un prophète, il est le premier d’entre eux à avoir eu la clarté d’esprit d’apprendre de la nature même des choses, et d’en enrichir sa sagesse. En fait, leur vie est vouée à l’apprentissage, celui-ci ne finissant jamais vers la voie de l’amélioration de soi, de la recherche du bonheur. Nous retrouvons des similitudes avec des méthodes industrielles ou marketing, en réalité, ils ne s’intéressent qu’à la racine d’un problème, remontant au travers de plusieurs « pourquoi » à la source de celui-ci. Ils éradiquent ainsi la source après l’avoir comprise. Ceci constitue leurs 4 nobles vérités:

 

1-    La souffrance

2-    La cause de la souffrance

3-    L’extinction de la souffrance

4-    Le chemin qui mène à l’extinction de la souffrance

 

Ce principe, bien que familier dans d’autres contextes, semble implacable dans leur vision, comme évident. Ainsi le bouddhisme est une recherche de soi même, et une profonde réflexion philosophique sur toute chose. Comme l’exemple qu’il nous cite, il ne peut exister que deux voies sur terre, la bonne, qui mène au bonheur, la mauvaise qui mène au malheur. Chacun choisit une voie qui lui est propre. Si l’on prend l’exemple du feu, il nous explique que le feu brûle, et provoque donc la souffrance. L’homme éclairé, sage, sait sans expérimentation que le feu brûle, la bonne voie sera donc d’éviter le feu car celui ci brûle par nature. La mauvaise voie est celle de l’expérimentation, où l’individu découvre que le feu brûle dans la souffrance.

 

En effet, leur méditation est en réalité ceci: une profonde réflexion philosophique sur chaque chose. En une séance, ils choisissent en leur fort intérieur un sujet unique, comme l’orientation du vent, ils cherchent à en comprendre la nature, la racine, le vrai sens. Et leur sagesse vient de là, de l’étude patiente et progressive de chaque chose sur terre, de chaque concept pour en déceler la vraie essence.

 

Enfin, je ne peux m’empêcher de demander quelle est leur relation avec les touristes, et ne voient ils par notre présence comme une intrusion dans leur paisible cheminement vers la sagesse ? Sa réponse nous étonne à nouveau par le calme et la résolution qu’il y met. Leur devoir, pour reprendre ses termes, est justement d’être présents pour nous, et ils sont honorés de nous faire découvrir leur mode de pensée. Loin d’un désir de séduction et de conquête, présent dans d’autres religions, ici Bouddha ne tente pas de nous convaincre comme ce moine nous le dit. Bouddha montre, démontre, mais ne réclame aucun amour ni récompense.

 

Encore maintenant que j’écris, 24 heures après cette discussion, je me sens comme transi par le calme apaisant et la sagesse de ce moine. Que nous partagions ou non ce mode de pensée, cette sensibilité, on ne peut être que touché par la résolution de cette pensée, qui, tout entière, est vouée à l’ouverture d’esprit. Je doute qu’une vérité absolue et universelle sur la façon de vivre existe, mais sans aucun doute, je me sens comme des leçons à recevoir d’un tel calme face l’inéluctabilité de la vie.

 

Qui sait ? Peut être déciderai je de m’accorder des moments de méditation pour explorer la profondeur de la pensée et réfléchir sur la réelle signification de mon existence ? Je doute un jour de me revendiquer bouddhiste, mais sans aucun doute il s’agit bien de « l’école » de pensée dont je me sens le plus proche tant la perpétuelle quête d’apprentissage m’apparaît séduisante dans sa démarche. Et vous, que pensez vous des croyances et du but de votre vie ?



30/10/2013
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