Hong Kong
Hong Kong, l’extravagante
Alors que notre marathon des destinations continue, nous nous envolons du Japon vers Hong Kong en passant par Shanghai. Et cet article ne saurait oublier de conter notre mésaventure sur la terre chinoise.
En effet, après un changement d’aéroport dans la précipitation et le chaos le plus total, nous avons enfin pu souffler en embarquant à bord du A321 de China Eastern Airline. Mais alors que les minutes passent et que je m’échine à écrire l’article sur le Japon, nous comprenons qu’il y a un problème. En regardant par le hublot, nous ne pouvons que constater la présence d’un brouillard épais, un brouillard de pollution si dense que nous ne voyons bientôt plus le bout de l’aile.
Le couperet tombe, le vol est soit disant « retardé » et on nous demande de ressortir de l’avion. Il est alors 20 heures. Bien vite, face à une foule qui va en s’énervant, la compagnie maintient le statut « retardé » et non « annulé », dans le but évident d’éviter de rembourser les passagers. Retardé… jusqu’au lendemain 9 heures, voilà une blague de bien mauvais goût alors qu’il est annoncé que la compagnie ne prendra en charge ni le repas ni l’hôtel.
La compagnie se montre ferme et se refuse à délivrer toute information ou aide, c’est alors que commence un très long jeu de patience, ou les passagers s’égrènent, se décourageant et partant à la recherche d’un hôtel. Plus qu’une centaine et il est déjà 23 heures, l’aéroport ordonne aux passagers restants d’évacuer le hall d’embarcation, et chose surprenante, un groupement se forme autour de quelques locaux protestataires et récalcitrants. Nous nous joignons à eux, à défaut de savoir quoi faire d’autres vu que l’argent nous fait défaut pour prendre un hôtel, et que nous planifions calmement de dormir ici même.
L’égrenage continu inlassablement, de plus en plus abandonnant, pris d’exaspération. Aux alentours de 2 heures du matin, nous ne sommes plus qu’une vingtaine, soudés autour du groupe chinois réfractaire, et nous sommes les seuls occidentaux. Mais les efforts et l’attente finissent par être payés, et nous voilà récompensés par une nuit d’hôtel gratuite, le transport inclus ainsi qu’une place sur le prochain vol.
C’est amusés, et parfaitement intégrés dans ce groupe très accueillant que nous nous rendons patiemment vers le bus, et sa destination. Comble du comique, nous n’arriverons à l’hôtel qu’à 3 heures du matin, où nous est servi un repas, et où nous constatons que c’est un hôtel 4 étoiles qui sera notre chambre d’une nuit. Le départ est fixé à 6 heures… et bien la nuit sera courte mais confortable !
Et c’est après ces péripéties ma foi bien amusantes, à constater l’avarice des compagnies low cost et la débrouillardise chinoise, que nous atterrissons sur le sol de Hong Kong, la croisée des chemins asiatiques.
Hong Kong est une ville exubérante, excessive dans tous ses aspects, elle nous a fasciné mais en même temps… dérangé. Nous n’avons pu nous délaisser d’un certain malaise dans chacunes de nos pérégrinations, non pas que la ville ne soit pas sécurisée et n’inspire pas une certaine confiance…
Non, il s’agit d’un réel malaise, notamment lié aux contrastes déroutants qu’il est possible de voir ici. Hong Kong défie la sociologie urbaine habituelle, des buildings de verre magnifiques et modernes sont mitoyens avec de vrais buildings ghettos qui semblent ne tenir debout que grâce aux tours qui les encadrent. L’impression rendue est comparable à un vieillard malade chez qui toute volonté de vivre semble avoir disparue tandis qu’il s’endort sur l’épaule d’un jeune cadre dynamique dans le métro.
Dans la rue, un cul de jatte fait la manche adossé à une Ferrari garée là avec nonchalance. Une opulente et impressionnante boutique de montres Rolex brille de milles feux et vomit son faste à grands renforts de lumières et dorures. Mais sur son perron, un indien vous aborde en vous proposant avec le plus bel aplomb toutes sortes de marchandises… une copie de Rolex, un costume à bas prix, ou en cas de refus, drogues, prostituées, jeunes et trop jeunes.
Ces contrastes et cette guerre du grandiose contre la misère sont omniprésents. Et ce qui est plus dérangeant encore, c’est la normalité qui s’en dégage. Hong Kong est une ville de chaos et de lumières, où les gens se marchent dessus et se bousculent sans y prêter attention, le regard rivé soit à leurs chaussures, soit sur les façades des grattes ciels et leurs publicités.
Les jeux de lumières ici sont superbes, exubérants, et les dépenses qui doivent en découler plus encore alors que tous les soirs se tient sur les berges une macro version de la fête des lumières de Lyon. Les buildings de chaque côté de la berge se renvoient des faisceaux lumineux en rythme avec une musique qui retentit partout, les lasers déchirant le ciel pour les yeux des milliers de personnes venus là boire un verre ou simplement découvrir le spectacle. Mêmes les ferrys, voguant avec paresse sur l’eau, sont raccords, alors qu’ils explosent de la même symphonie des lumières, le tout dans une harmonie méticuleuse qui ne laisse rien au hasard.
Et Hong Kong tout entière est à l’image de ce show de lumière, le métro lui même est une vision du future qui crie avec orgueil aux autres métros du monde entier d’entrer dans le XXIème siècle. Si celui de Tokyo dispose du réseau le plus complet et le plus impressionnant, celui de Hong Kong n’est pas avare en technologie, et installations ergonomiques qui font de son utilisation une projection vers l’avenir.
Mais au milieu de tout ce faste digne de la « Folie des grandeurs », il est surtout possible de faire du shopping pour une misère, de sortir, de boire et de s’amuser. Parce que Hong Kong c’est cela avant tout, une ville centre commercial le jour, et une Ibiza la nuit. Deux choses que nos portefeuilles en récession nous aurons fait vivre avec parcimonie et calcul.
Cependant, après un portrait aussi brute de cette ville faite de grandeur et de décadence, il serait injuste de ne pas parler de sa population et des gens que nous y avons cotoyé.
Nous y avons retrouvé deux amis rencontrés en Thailande avec qui nous avons passé deux soirées d’exceptions, à jouer aux fléchettes (bowling local, une activité très populaire et prise au « sérieux »), manger du serpent et beaucoup d’autres mets locaux ; deux soirées à chanter en karaoké, à jouer aux dès ou à disserter sur le monde, nos différences et nos points communs.
Merci à Chai, Hong et sa femme Laura, ainsi qu’à Joy, merci d’avoir humanisé notre séjour dans cette ville comparable à la Rome antique d’après Jesus Christ : majestueuse, grande, opulente, et rongée par le vice et la décadence.
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 15 autres membres